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The Free French forces
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J'ai décidé de partir. Je suis parti. J'étais à Paris, je faisais ma seconde année de médecine. J'ai passé quelques examens. Je suis parti le 14, c'était le 14 juin, les Allemands sont entrés par le nord, moi je suis sorti par le sud ce même 14 juin. Et je suis parti en voiture avec deux trois copains. Et on a atterri. Alors il y a eu de grandes discussions parce que nous étions deux qui étions très rapidement décidés à partir en Afrique du Nord ou en Angleterre pour faire une guerre qu'on n'avait pas faite et dont on estimait qu'elle était nécessaire. Et les autres qui ne voulaient entendre parler de rien. Finalement, on a atterri à Bordeaux. On a essayé de s'embarquer à Bordeaux, mais il n'y avait plus- Les bateaux anglais venaient de partir. On est allé à Bayonne, à peu près la même chose. Puis à Saint-Jean-de-Luz. Et à Saint-Jean-de-Luz on est tombé, on se promenait dans les rues, on cherchait comment faire. Et on est tombé sur un type qui était un lieutenant de cavalerie, en tenue. Si je crois qu' il y avait à Bayonne un panneau sur le consulat britannique: pour les questions militaires intéressant les Français, s'adresser à Saint-Jean-de-Luz, telle rue, tel numéro. Alors on a ouvert des yeux comme ça. On est allé à telle rue, tel numéro. Il n'y avait rien. Alors on cherchait partout. On tombe sur un officier français en tenue qui nous regarde et qui nous dit, 'Qu'est-ce que vous faites-là?' Alors on dit, 'On cherche notre tante machin'. Il dit, 'Vous voulez partir?' Alors on dit, 'Oui, si c'est possible'. Et il nous dit, 'Ecoutez, les Polonais...' Il y avait les civils polonais et le reste de deux divisions polonaises qui s'étaient battues avec nous, sur le front de l'ouest, qui embarquaient sur des bateaux polonais. Et le type nous dit, 'Disparaissez, ne restez pas là, disparaissez jusque vers cinq, six heures du soir, et là, à ce moment-là, vous pourrez probablement embarquer'. Alors on est parti se promener.
On était parti à quatre mais on restait à deux là. Les autres nous avaient lachés. Et on est arrivé, il y avait une file. Au moment où on est arrivé il y a un cordon de CRS qui est venu s'installer. Et on a commencé à partir. Et devant moi, il y avait un tout petit type, dont j'ai appris après que c'était un jockey. Il avait une tête de jockey d'ailleurs, le titi parisien jockey. Et l'énorme garde-mobile qui était devant lui, lui a dit, 'Où tu vas, toi?' parce que les Français c'était... Le départ était interdit.
[Q] C'était officiel? On avait pas le droit...
C'était officiel depuis pas très longtemps, depuis une heure ou deux. Mais à partir de quatre heures de l'après-midi, c'était officiel. Alors le garde-mobile lui dit, 'Où tu vas, toi?' L'autre se retourne et lui dit, 'Svastika', qui était je pense le seul mot en 'ski' ou en 'ska', c'est-à-dire polonais, qui lui vienne. L'autre était tellement scié qu'il l'a laissé passer. Et nous nous sommes engouffrés derrière le type là.
[Q] Vous dites que vous ne saviez même pas où allait exactement le bateau quand vous êtes monté dessus. Vous saviez qu'il quittait la France, mais vous ne saviez même pas si c'était pour l'Angleterre ou pour l'Afrique.
Non, on voulait l'un des deux, mais on ne savait pas. On a appris très vite que c'était l'Angleterre. Mais Alors c'était très étonnant, ce bateau. Il y avait pas mal de jeunes, des lycéens ou d'étudiants dans mon style là, qui voulaient aller en Angleterre. Il y avait quelques officiers aussi qui partaient. Puis alors un type, je suis tombé sur un type qui me dit, 'Où tu vas toi?' Alors je lui dis, 'Moi, je vais essayer de me battre, je sais pas. Et toi?' 'Moi...' Il me dit, 'C'est une occasion unique pour échapper à ma femme et à ma belle-mère!' Inattendu, mais comme ça!
I decided to leave. I left. I was in Paris, I was in my second year of medicine. I took a few exams. I left on the 14th, it was the 14th of June, the Germans came in by the north and I left through the south that very 14th of June. I left in a car with two, three friends. And we ended up... there had been long discussions because two of us had quickly made the decision to leave for North Africa or England to join a war that we hadn't seen and that we considered to be necessary. And the others wouldn't have any of it. In the end, we ended up in Bordeaux. We tried to embark in Bordeaux, but there weren't any... the British boats had just left. We went to Bayonne, more or less the same thing. Then to Saint-Jean-de-Luz. And in Saint-Jean-De-Luz we met a guy... we were walking through the streets looking for a way to leave. And we met a guy in uniform who was a Cavalry-Lieutenant. Yes, I think that in Bayonne there was a sign at the British Consulate: for military questions concerning French people, enquire in Saint-Jean-de-Luz on this road at that number. So we stared wide-eyed. We went to that road that number. There was nothing there. We looked everywhere. We met a French officer in uniform who stared at us and says, 'What are you doing here?' So we said, 'We're looking for our Aunt what's-her-name...' He said, 'Do you want to leave?' So we said, 'Yes, if possible'. And he said, 'Listen, the Polish...' There were Polish civilians and the remainder of two Polish divisions that had fought with us, on the western front, who were boarding Polish boats. And the guy said, 'Get out of here, don't hang around, disappear until 5-6 this evening, and then, at that moment, you will probably be able to board'.
So we went for a walk. When we first set off there were four of us, but now there were only two of us left. When we arrived a cordon of policemen had positioned themselves. And we started to board. And in front of me, there was a very short guy, who I later learned was a Jockey. In fact he had the face of a jockey, the 'titi parisien' jockey. And the huge policeman who stood in front of him, asked him, 'You, where are you going?' Because for the French it was... leaving was prohibited.
[Q] It was official? You weren't allowed to...
It hadn't been official for very long, maybe one or two hours. But from 4 o'clock that afternoon, it was official. So the policeman asked him, 'You, where are you going?' The guy turns around and says, 'Svastika' which I think was the only word in 'ski' or 'ska', hence in Polish, that came to him. The guy was so stunned that he let him go through. And we sneaked in behind him.
[Q] You said that you didn't even where the boat was headed when you got onboard. You knew it was leaving France, but you didn't know if it was headed for England or Africa.
No, we wanted either one, but we didn't know. We quickly learned that it was England. But that boat really was surprising. There were quite a few young people, high school and university students just like me, who wanted to go to England. There were also officials who were leaving. And there was a guy, I ran into a guy who asked me, 'Where are you going?' So I say, 'I don't know, I'm going to try and fight. How about you?' 'Me...' He said, 'It's a unique opportunity to get away from my wife and my mother-in-law'. Unexpected but true!
François Jacob (1920-2013) was a French biochemist whose work has led to advances in the understanding of the ways in which genes are controlled. In 1965 he was awarded the Nobel Prize in Physiology or Medicine, together with Jacque Monod and André Lwoff, for his contribution to the field of biochemistry. His later work included studies on gene control and on embryogenesis. Besides the Nobel Prize, he also received the Lewis Thomas Prize for Writing about Science for 1996 and was elected a member of the French Academy in 1996.
Title: Leaving for England
Listeners: Michel Morange
Michel Morange is a professor of Biology and Director of the Centre Cavaillès of History and Philosophy of Science at the Ecole Normale Supérieure. After having obtained a Bachelor in biochemistry and two PhDs, one in Biochemistry, the other in History and Philosophy of Science, he went on to join the research unit of Molecular Genetics headed by François Jacob, in the Department of Molecular Biology at the Pasteur Institute, Paris. Together with Olivier Bensaude, he discovered that Heat Shock Proteins are specifically expressed on the onset of the mouse zygotic genome activation. Since then he has been working on the properties of Heat Shock Proteins, their role in aggregation and on the regulation of expression of these proteins during mouse embryogenesis. He is the author of 'A History of Molecular Biology' and 'The Misunderstood Gene'.
Michel Morange est généticien et professeur à L'Université Paris VI ainsi qu'à l'Ecole Normale Supérieure où il dirige le Centre Cavaillès d'Histoire et de Philosophie des Sciences. Après l'obtention d'une license en Biochimie ainsi que de deux Doctorats, l'un en Biochimie, l'autre en Histoire et Philosophie des Sciences, il rejoint le laboratoire de Génétique Moléculaire dirigé par le Professeur François Jacob à l'Institut Pasteur. Ses principaux travaux de recherche se sont portés sur l'Histoire de la Biologie au XXème siècle, la naissance et le développement de la Biologie Moléculaire, ses transformations récentes et ses interactions avec les autres disciplines biologiques. Auteur de "La Part des Gènes" ainsi que de "Histoire de la Biologie Moléculaire", il est spécialiste de la structure, de la fonction et de l'ingénerie des protéines.
Tags: Saint-Jean-De-Luz
Duration: 4 minutes, 8 seconds
Date story recorded: October 2004
Date story went live: 24 January 2008