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So for example, among those things, there was something quite funny, which we did with Jean-Luc, which was The Soldiers. So for The Soldiers we had decided... well, we... no, HE had made the decisions and so we had done some tests, so that the film would look like the ones that we see in the film libraries, meaning that the films were developed but we don't have the negative anymore, so you develop the negative from the positive that had been developed, and then from this bad positive negative you develop...
[Q] A duplicate?
A duplicate and in the end there are practically no grey areas anymore. Which can be seen nowadays in computing, where we end up with 16 levels of grey, that is white, black, and then 16 levels of grey in between, meaning that there's nothing, there are no more shades, there's nothing at all. So we had decided... at first we had decided to put the gamma back up to 0.90, the negative's gamma, which was high, because normally they're at 0.70. And then eventually I told Jean-Luc that it was a little annoying to do it like that because if for whatever reason, we were forced to reduce the contrasts again for I don't know what reason, or we've slightly damaged the negative, it might be better to use 0.80, we'll get a little more variation in the grey, and also to use a line negative film, a film which titrates. So that's what we did. So when, for example, we see... Which is why every time I can I do the digitalisation of the films that I made. They call me, I do it for free, so that people don't think, 'We going to have to pay this guy to do it'. Because when they digitalised The Soldiers, the guy saw this film without the greys, he tried to add a little grey everywhere. So naturally there's no black left, there's no white left, there's nothing left, it's pile of s**t. It has no meaning anymore, whereas this damaged aspect of the image needed to be kept.
And in addition it was done... there were loads of things but you needed to know it, which were done like in old films, meaning that there are scenes that are repeated. For example, at on point we see a girl take her cap off, her hair falls out in a distant shot, and we see her in close-up again where she repeats the same movement, and we see a wide shot like it happened at a time when we didn't edit, we filmed things...
[Q] It was also a reference to silent films?
Yes, yes, it was a reference to silent films. So then, in fact, there was something quite amusing on the set. There was the star; I can't seem to remember her name. It was a girl who was...
[Q] Wasn't she a singer?
Yes. No, no, she wasn't a singer, she was... I don't remember. No, no, she wasn't a singer, no, no.
[Q] The dark-haired girl?
Yes, a dark-haired girl. She was an up-and-coming actress. So we filmed in the middle of winter, it was dreadfully cold, we were around Paris near Lagny, etc. And she had gone to Chamonix to film something, an ad. So Jean-Luc let her do it since she was young and starting out. And there had been loads of really bad weather and there were no trains between... to go to Chamonix. Since he needed her to film, he had managed something... the assistant director had sorted something out with the Protection Civile, which at the time was a big effort... The Protection Civile was going to go pick her up by helicopter in Chamonix and drop her off at the airport in Geneva so that she could get on a plane, but she refused. She said, 'I'll wait for the snow to melt before coming back'. So she was missing for a few days. And when we shot the scene with her, Jean-Luc tells me, 'So we're going to do the scene where people are pushing her, the Resistants are pushing her'. And so he tells me, 'You're going to use... we're going to use the 75, a close-up on her, you constantly follow her and you don't cut until I tell you to'. So Jean-Luc arrives, so: action! And he grabs her, pins her onto the wall, she slams her head against the wall, he slaps her, and he grabs her hair and he had a pair of scissors as big as this, wham, he starts cutting her hair. So obviously she was struggling as if she were acting the scene, she hadn't seen it yet. And suddenly she saw the things falling in front of her, her hair, so she really started struggling, and Jean-Luc was still holding on to her and he kept off cutting and in the end he completely got rid of her thatch. Obviously at one point he turned around and said, 'Cut!' And she picked up her hair, went to the café crying and called her agent.
Alors je veux dire dans ces bricolos là par exemple, il y a un truc qui est assez marrant je veux dire, qu'on avait fait avec Jean-Luc, qui était Les carabiniers. Alors Les carabiniers on avait décidé, enfin on avait... Il avait décidé et donc on avait fait ensemble des essais que ce soit un film qui ressemblerait à des films qu'on voit de cinémathèque, c'est-à-dire des films qui ont été tirés et puis on n'a plus le négatif, alors on tire un négatif d'après le positif qu'on a tiré, et puis de ce positif négatif merdique on tire...
[Q] Contretype?
On contretype et finalement il n'y a pratiquement plus de gris. Ce qu'on retrouve dans l'informatique, on se retrouve avec seize niveaux de gris, c'est-à-dire du blanc, du noir, et puis seize niveaux de gris entre temps, c'est-à-dire y'a rien, y'a plus de nuances, y'a rien du tout. Alors on avait décidé, au début on avait décidé de remonter les gammas à 0,90, les gammas du négatif, ce qui était assez considérable, parce que normalement on est à 70. Et puis finalement j'avais dit à Jean-Luc que c'était un peu emmerdant qu'on fasse ça comme ça parce que si pour une raison quelconque on était obligés de rediminuer les contrastes pour je ne sais pas quelle raison, on a un peu abîmé le négatif, c'est peut-être mieux de se mettre qu'à 0,80, on aura quand même un petit peu plus de valeurs de gris dedans, et d'utiliser une pellicule au trait, une pellicule qui titre. Alors c'est ce qu'on a fait. Alors quand on voit par exemple les... C'est pour ça que moi à chaque fois que je peux, je vais faire des numérisations des films que j'ai faits... On m'appelle, je les fais gratuitement, de manière à ce que les gens se disent pas, 'On va encore payer ce mec-là pour faire ce truc-là'. Parce que je veux dire quand ils ont numérisé Les carabiniers, le mec qui a vu ce film sans gris, il a essayé de mettre des gris partout. Alors naturellement y'a plus de noir, y'a plus de blanc, y'a plus rien, c'est un tas de merde, ça n'a plus de signification. Alors qu'il fallait garder ce côté complètement dégradé comme image.
En plus c'était fait, il y avait plein de choses je veux dire, mais ça il fallait le savoir, qui étaient faites comme dans les anciens cinémas, c'est-à-dire des scènes qui se répètent. On voit par exemple à un moment donné une fille qui enlève sa casquette, il y a ses cheveux qui dégringolent en plan général, et on la reprend en gros plan où elle refait le même geste, et on voit un gros plan comme ça se passait à une certaine époque où on montait pas, je veux dire on tournait des trucs...
[Q] C'était aussi un film fait en référence au cinéma muet?
Oui, oui, c'était un film fait en référence au cinéma muet, c'était un film fait en référence. Alors là il y a eu d'ailleurs un truc assez drôle sur le film. Il y avait la vedette, j'arrive plus à me souvenir de son nom. C'était une fille qui était...
[Q] C'était une chanteuse?
Oui. Non, non, c'était pas une chanteuse, c'était... Je ne me souviens plus. Non, non, c'était pas une chanteuse, non, non.
[Q] La fille brune?
Oui, la fille brune, bon. C'était une fille qui commençait à monter, alors on a tourné ça en plein hiver, il faisait un froid épouvantable, on était dans la région parisienne du côté de Lagny, etc. Et elle était partie tourner quelque chose à Chamonix, une pub. Alors Jean-Luc l'avait laissée faire puisque c'était une jeune qui démarrait. Et puis il y a eu tout un tas de mauvais temps et le train ne marchait plus entre... Pour aller à Chamonix. Comme il avait besoin d'elle pour tourner, il s'était démerdé, le régisseur s'était démerdé pour que la Protection Civile, à l'époque c'est pour dire que c'était quand même un gros effort... La Protection Civile aille la chercher en hélicoptère à Chamonix et la dépose à Genève à l'aéroport pour qu'elle puisse prendre un avion. Elle n'a pas voulu. Elle a dit, 'J'attendrai que la neige fonde pour revenir'. Alors elle est restée donc absente pendant plusieurs jours. Et alors quand on a tourné la scène avec elle, Jean-Luc me dit, 'Bon, on va faire la scène où les gens la bousculent, les Résistants la bousculent'. Et alors il me dit, 'Tu vas te mettre, on va se mettre sur... Au 75, en gros plan sur elle, tu la suis sans arrêt et tu ne coupes que quand je le te dis'. Alors Jean-Luc il arrive, bon alors moteur. Alors il l'attrape, il la colle contre le mur, elle se fait une grosse brogne sur le mur, et il lui fout une paire de baffe, et il lui attrape les tifs et il avait une paire de ciseaux grande comme ça, toc, il commence à lui couper les cheveux. Et puis l'autre elle se débattait normalement, comme si elle jouait la scène, elle avait pas encore vu. Alors d'un seul coup elle a aperçu les douilles qui commençaient à tomber devant elle, les cheveux, elle a commencé à se débattre, et Jean-Luc la cramponnait toujours et il continuait à lui a coupé les tifs. Alors il lui a complètement déboisé le haut de la colline, naturellement à un moment donné il s'est retourné il a dit, 'Coupez!' Et elle, elle a ramassé ses tifs, elle est allée au bistrot, en larmes elle a appelé son agent.
French cinematographer, Raoul Coutard (1924-2016) was twice nominated for the César Award for best cinematography which he won in 1978 for 'Le Crabe-tambour'. He made over 75 films and documentaries, including 'À Bout de Souffle', Le Mépris' and 'Band à Part'. He was the most acclaimed French cinematographer of his generation and one of the key figures of the New Wave.
Title: "The Soldiers"
Listeners: Bernard Cohn
Bernard Cohn est un réalisateur et écrivain français, ayant réalisé cinq film ainsi que de nombreux reportages et séries télévisées. En tant qu'assistant réalisateur, il a travaillé avec plusieurs grands cinéastes, notamment Luis Buñuel, François Truffaut, Otto Preminger et Woody Allen. Il fut membre fondateur du ciné-club Ciné-Qua-Non et a participé à la rédaction et traduction en anglais, de plusieurs ouvrages sur le cinéma.
Benard Cohn is a French filmmaker and writer, who has directed five films as well as numerous documentaries and television series. As an assistant director, he worked with many important filmmakers, including Luis Buñuel, François Jacob, Otto Preminger and Woody Allen. He was a founding member of the Ciné-Qua-Non cinema club and has acted as editor and translator for various publications on the world of cinema.
Tags: Chamonix, The Soldiers, Jean-Luc Godard
Duration: 5 minutes, 22 seconds
Date story recorded: October 2004
Date story went live: 24 January 2008