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Releasing the prisoners

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Censorship
Raoul Coutard Film-maker
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The system of... the filmmakers sent their photos, their rolls to these companies, and for the photographers on the other hand there was a press service. But de Gaulle... de Gaulle! De Lattre wanted to see all the photos. Every time a guy came back from an operation, he wanted to see all the photos. He looked at all the photos; there were some that he didn't want us to publish. And the only instruction we had was: 'The French soldiers are all handsome'.

[Q] That's incredible!

That was the only instruction we were given. Well, either way, the guys were in uniform. So that was the only thing. Nevertheless, there was censorship.

[Q] From who? De Lattre?

From de Lattre, who said, 'I don't want this photo'. I mean first of all he already had, he had all... If there was something a little tricky, it was... There were two people in charge of information, one of them was Jean-Pierre Dannaud who was at the Commissariat de France and there was Michel Froiss who was captain, who was there for the soldiers, those were the two that went to see the general. And actually there was something quite amusing because when they went... when de Lattre arrived, everyone was scared to death. De Lattre's nefarious reputation preceded him, so everyone was really scared. We took photos and we needed photos of his arrival, one of them said, 'There were photographers around, I want to see the photos'. Everyone was scared to bring him the photos except for two of them who didn't chicken out, Dannaud and Froiss, who took the photos and gave them to him. And de Lattre said, 'Very good, these are the ones I want'.

I was there as a photographer and there was a little Vietnamese guy that was part of our department and it's the little Vietnamese guy's photo that was chosen as the official one. So and afterwards, every time there were operations, he called the two guys, he gave his orders. And then one day, they said, 'But you know general, we can't give... we can't give the order to do that, we can't'. 'What, you're not in charge, where are the bosses?' Well, it's so-and-so and so-and-so, so fired. So there was something that de Lattre did, he would summon people, he worked like the computer scientists do today. He worked at night.

[Q] De Lattre?

Yes. So he would summon the guys at four in the afternoon, so you've been summoned, the guy knew he was going to get a real tongue-lashing, so they came. 'I'm not going to let him do it, I don't give a damn about this old fool, he gets on our nerves, you'll see'. And the guy was in this thing, there were loads of guys waiting like at the dentist... And all of them were determined to tell the old guy to go to hell, but then they wouldn't see him until three in the morning, they were exhausted, there was nothing left. 'Yes, general', 'very well, general', 'you're fired', 'well, OK general', 'you're right, general'.

So he fired the guy that ran the department, it was a guy that ran, who was an old Algerian soldier. And it's quite amusing because de Lattre was quite an incredible person because he fired him, he saw him for 10 minutes, enough to tell him off, to explain why he was fired. And two years later, he was giving medals and the guy was receiving a medal. And when it came time to give him his medal, he said to him, 'You see, good thing I fired you'. He had recognised him. It's quite astonishing, because he saw hundreds of guys every day. So anyway, the two where therefore... So it's true that from then on information started to work. There were press files sent off to the French papers: France Soir, Figaro, etc. And everyone got that for free, I mean they either used it or not.

[Q] Who wrote the texts?

So the texts... everyone put, every photographer would write a caption to explain what it was and one of the firm's sub-editors would write the text if it was required.

[Q] And the photos were signed?

They were all... we knew who it was. We knew who took them?

[Q] There weren't any names?

No, no.

[Q] There was no name under the photo?

No, there was no copyright. On the other hand, when the war was almost over, on the French side, the Figaro was the only one to send a silver Dupont lighter to all the photographers. It's the only paper that did that, all the others had taken advantage of it, and we didn't get a thank you, not even from Paris Match.

Le système... les cinéastes envoyaient leurs photos, leurs pelloches dans ces boîtes, et les photographes par contre il y avait un service de presse. Mais le père de Gaulle... le père de Gaulle! Le père de Lattre il voulait voir toutes les photos. A chaque fois qu'un mec revenait d'une opération, il voulait regarder toutes les photos. Il regardait les photos, il y en avait qu'il ne voulait pas qu'on mette. Et la seule instruction qu'on avait c'était: 'Tous les soldats français sont beaux'.

[Q] Ça c'est extraordinaire!

C'est la seule instruction qu'on avait. Bon enfin de toute manière les mecs ils étaient habillés en militaires. Alors donc c'était le seul truc. Par contre, on passait donc à la censure.

[Q] Qui était faite par qui, par de Lattre?

Par de Lattre, qui dit, 'Je ne veux pas de cette photo'. D'abord je veux dire il y avait déjà, il y avait tout... S'il y avait des trucs un peu délicats, c'était... Il y avait deux personnages qui s'occupaient de l'information, il y en avait un qui était Jean-Pierre Dannaud qui était au Commissariat de France et puis Michel Froiss qui était commandant, qui était pour les militaires, c'est les deux qui allaient voir le général. Alors d'ailleurs il y a eu un truc qui était assez drôle parce que quand ils sont allés, quand de Lattre est arrivé, tout le monde pétait la trouille. Le père de Lattre il était précédé d'une réputation sulfureuse, alors tout le monde en avait une trouille verte. On a fait des photos et il fallait les photos de son arrivée, l'autre il a dit,  'Il y avait des photographes qui étaient là, je veux voir les photos'. Tout le monde avait la trouille d'aller porter les photos et y'en a deux qui ne se sont pas dégonflés c'était Dannaud et Froiss qui ont pris les photos, qui sont allés les donner. Et de Lattre leur a dit, 'C'est bien, c'est celles-là que j'ai choisies'.

Moi j'étais là comme photographe et il y avait un petit Vietnamien qui faisait partie de notre service et c'est la photo du petit Vietnamien qui a été choisie comme photo officielle du truc. Bon et ensuite après, à chaque fois qu'il y avait des opérations, il appelait les deux, il donnait des ordres. Et puis un jour, les autres ont dit, 'Mais vous savez mon général, on peut pas donner, nous, donnez l'ordre de faire ça, on peut pas'. 'Comment ça vous pouvez pas?' Et non, parce que c'est pas nous les chefs. 'Quoi, c'est pas vous les chefs, où sont les chefs?' Ben c'est untel et untel, alors virés. Alors il avait un truc qu'il faisait le père de Lattre, il convoquait les gens, c'était un personnage qui travaillait comme font les informaticiens maintenant, il travaillait la nuit.

[Q] De Lattre?

Oui. Alors il convoquait les mecs à quatre heures de l'après-midi, alors vous êtes convoqué, le mec savait qu'il allait se faire remonter les brettelles, alors il arrivait. 'Je vais pas me laisser faire, j'en ai rien à foutre de ce vieux con, il nous emmerde, tu vas voir'. Et puis le mec il était dans ce truc-là, il y avait plein de mecs qui attendaient comme chez le dentiste là... Et tous qui étaient décidés à en découdre et à péter la gueule au vieux, et puis ils étaient reçus à trois heures du matin, ils étaient complètement vidés, y'avait plus rien. 'Oui, mon général', 'bien, mon général', 'vous êtes viré', 'bon, OK' mon général', 'vous avez raison, mon général'.

Il a viré donc le mec qui commandait le service, c'était un mec qui s'occupait, qui était un ancien tirailleur algérien qui était là. Et c'est assez marrant parce que de Lattre était un personnage quand même assez étonnant parce qu'il l'a viré, il l'a vu dix minutes, le temps de lui passer un savon, pour lui expliquer pourquoi il était viré. Et puis deux ans après il allait remettre des décorations et le mec avait une décoration. Et au moment de lui accrocher la décoration, il lui a dit, 'Vous voyez, j'ai bien fait de vous virer', il l'avait reconnu. C'est quand même assez étonnant quand même, parce qu'il en voyait des centaines de mecs passer tous les jours. Bon en tout cas donc les deux ont été donc... Alors là c'est vrai que l'information elle s'est mise à fonctionner. Et il y avait des dossiers de presse qui étaient envoyés à tous les canards français. C'est-à-dire France Soir, Figaro, etc. Et tout le monde recevait ça gratos, ils passaient ou ils passaient pas je veux dire.

[Q] Qui faisait les textes?

Alors les textes, chacun mettait, chaque photographe mettait une légende pour expliquer ce que c'était et s'il y avait besoin il y avait un des rédacteurs de la boîte qui faisait le texte.

[Q] Et ces photos étaient signées?

Toutes elles étaient. On savait qui c'était.

[Q] On savait qui c'était, il n'y avait pas les noms?

Non, non.

[Q] Il n'y avait pas de nom en dessous de la photo?

Non, il y avait pas de copyright. Par contre, quand la guerre a été sur le point d'être finie, du côté français, il n'y a que Le Figaro qui a envoyé un briquet Dupont en argent à tous les photographes. C'est le seul journal qui ait fait ça, tous les autres qui s'étaient abreuvés, et même Paris Match, il n'y a même pas eu de merci.

French cinematographer, Raoul Coutard (1924-2016) was twice nominated for the César Award for best cinematography which he won in 1978 for 'Le Crabe-tambour'. He made over 75 films and documentaries, including 'À Bout de Souffle', Le Mépris' and 'Band à Part'. He was the most acclaimed French cinematographer of his generation and one of the key figures of the New Wave.

Listeners: Bernard Cohn

Bernard Cohn est un réalisateur et écrivain français, ayant réalisé cinq film ainsi que de nombreux reportages et séries télévisées. En tant qu'assistant réalisateur, il a travaillé avec plusieurs grands cinéastes, notamment Luis Buñuel, François Truffaut, Otto Preminger et Woody Allen. Il fut membre fondateur du ciné-club Ciné-Qua-Non et a participé à la rédaction et traduction en anglais, de plusieurs ouvrages sur le cinéma.

Benard Cohn is a French filmmaker and writer, who has directed five films as well as numerous documentaries and television series. As an assistant director, he worked with many important filmmakers, including Luis Buñuel, François Jacob, Otto Preminger and Woody Allen. He was a founding member of the Ciné-Qua-Non cinema club and has acted as editor and translator for various publications on the world of cinema.

Tags: France Soir, Figaro, Jean de Lattre de Tassigny, Jean-Pierre Dannaud, Michel Froiss

Duration: 5 minutes, 16 seconds

Date story recorded: October 2004

Date story went live: 24 January 2008