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Filming the military operation in Hoa Binh
Raoul Coutard Film-maker
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Non, Je voulais raconter une histoire à propos de Hoa Binh, puisqu'on vient d'en parler. Il y avait l'histoire militaire que l'on a filmée, je voulais ouvrir avec la Cav parce que c'était un problème de... Quand on était au Vietnam, on entendait sans arrêt des hélicoptères, sans arrêt, sans arrêt. Il y avait je ne sais pas combien... Je crois qu'il y avait 2000 hélicoptères. Et toute la journée on entendait ça, ils surveillaient tout, à tel point que même à un moment donné on a tourné dans le film, on a tourné une scène avec les... Avec les... Où il y avait une histoire qui se passait avec les Viets, bon. Alors on était naturellement... On était en liaison avec tous les services officiels, là en particulier on était en liaison avec les militaires vietnamiens... Les ARVN comme ils disent. Et les Vietnamiens nous avaient dit-Bon puisqu'on fait ça, il va falloir qu'on prévienne bien les Américains, etc., Parce que sinon ils vont nous tomber dessus. Ils avaient amené des gars avec des postes radio. Et effectivement, on était... Il n'y avait pas un quart d'heure qu'on était installés, les hélicoptères étaient là. Et ils avaient repéré des mecs habillés en noir, ils étaient déjà là. Bon alors heureusement il y avait les Sud Vietnamiens qui les ont prévenus. Alors dans le film à un moment donné il y a une intervention dans un village, alors c'est un truc... Alors j'avais envie de montrer ça, parce que ça faisait partie de ces genres d'opération dont le système on retrouve maintenant en Irak, je veux dire ce système d'opération Phénix, c'est-à-dire où les Viets arrivaient à l'époque; c'est ce que font les Irakiens. Et ils vont bousiller les chefs de village, etc. De manière à détruire l'infrastructure, et puis arrivé à un moment donné où plus personne n'a envie de se mêler. Alors je voulais montrer ça, et puis de montrer aussi ce côté où les gars avec des fusils interviennent la nuit, creusent des trous, font des barrages et puis la journée on arrive avec une énorme machine de guerre.

Alors quand on avait fait... Je remonte un peu plus loin, quand on avait tourné La passe du diable, on avait connu, rencontré tout à fait par hasard parce qu'on avait été fumer dans une fumerie... On reviendra dessus fumer l'opium. On a rencontré un mec qui était ce colonel qui était l'adjoint au chef d'état-major de l'armée vietnamienne. Alors à un moment donné je lui dis, 'Je voudrais savoir qui est-ce qui est le patron de la région où on était en train de tourner le film de Hoa Binh?' Alors il me dit, 'C'est le général Tartempion', je dis, 'Ah, bon, bah d'accord'. Je lui dis, 'Je le connais, je l'ai déjà rencontré, tout ça'. Finalement je dis à mon assistant, 'Démerde-toi pour me trouver un rendez-vous avec ce mec parce que je voudrais lui demander qu'il nous passe des blindés vietnamiens pour aller faire cette opération qu'on doit faire là-bas'. Et alors au bout de sept-huit jours, on me dit, 'Vous avez rendez-vous avec le général à tel endroit'. Alors je le vois, je me souviens plus comment il s'appelait Mettons qu'il s'appelait Gong, alors je lui dis, 'Ah, bonjour mon général, vous vous souvenez, on s'est rencontrés à tel endroit'. 'Ah mais oui, je me souviens très bien M. Coutard, tenez asseyez-vous'. Alors d'un seul coup il était très convivial, etc. Et puis alors je lui explique ce que je veux faire, il me dit, 'Bon, c'est très bien. Ah, mais à l'endroit où on est, c'est un endroit où ils sont sous commandement australien, je vais leur demander, quand est-ce que vous vouliez tourner ça?' Alors je lui explique entre tel jour et tel jour. Il me dit, 'Bon d'accord, je vous demande ça et je vous fais prévenir par mon aide de camp de quand est-ce que c'est. Alors, j'ai été content de vous revoir'. 'Moi aussi, mon général, au revoir, mon général'. Je fous le camp.

Et quand je reviens je revois mon pote colonel, je lui dis, 'Ecoute c'est quand même marrant, je suis allé rencontré, je l'ai pas reconnu'. Il me dit, 'Mais c'est normal que tu ne l'aies pas reconnu, parce que c'est pas celui que tu connais'. L'autre il m'avait reconnu. Alors finalement, on se met d'accord sur le jour où on devait tourner, et j'avais demandé qu'on m'envoie un char d'assaut avec trois bagnoles avec de l'infanterie à bord. Et le matin on se ramène, on logeait au cap Saint Jacques, et ça se passait à côté, pas très loin du cap... On sort de notre hôtel, on arrive, à proximité, d'un seul coup on voit passer des avions à basse altitude au dessus de l'endroit où on doit tourner, et on voit une espèce de poussière qui montait du sol. Merde, qu'est-ce qui se passe nom de Dieu, juste le jour où on doit avoir le blindé qui arrive, il y a un bordel. Et on arrive, et là il y avait quatre centurions qui étaient là, plus tout un tas de bazar. Alors pourquoi il y a tout le monde? Alors il y avait un colonel qui était dégagé pour nous parler, il dit, 'Ah, bah, quand on a dit aux Australiens qu'il fallait envoyer un char, ils ont dit: Qu'est-ce que c'est que cette histoire-là, on ne fait jamais d'opération avec un seul blindé'. Alors ils ont envoyé quatre blindés plus de l'infanterie. Les Vietnamiens qui voulaient pas être en reste ils ont envoyé plein de trucs. Je me suis retrouvé avec une armée au sol... Alors d'un seul coup il a fallu...

[Q] C'est là où il faut pas avoir un story-board parce que sinon on est foutus...

Ah bah, oui. Il faut se dire... Bon alors il faut que je les fasse tous jouer, mais il faut que je me démerde pour faire l'essentiel de mon truc et en même temps que je dégage, parce que tout ça était entassé dans la rue. Alors heureusement on avait deux caméras, alors il y a un des opérateurs à qui j'ai dit, 'Voilà, tu vas faire tel et tel plan de coupe, les autres on va se démerder pour pouvoir faire d'autres choses'. Et on a réussi à la fin de la journée à faire un certain nombre de plans, pas tout à fait ce qu'on aurait souhaité faire mais on a fait tout ce qui était nécessaire.

I want to tell you about a story about Hoa Binh, since we've been talking about it. There was the whole military thing that we filmed, I wanted to open with the Cav because it was a problem of... When we were in Vietnam, we constantly heard helicopters, non-stop, non-stop. I don't know how many there were, some 2,000 helicopters I think. And we heard that all day long. They watched everything, so much so that at one point we shot it in the film, we shot a scene with the... With the... Where there was something going on with the Vietnamese. So obviously we were... we were liaising with all the official services, and in particular we were in liaising with all the Vietnamese military, the ARVN as they say. And the Vietnamese had said... So since we're doing that, we're going to have to warn the Americans, etc., because otherwise they'll lay into us. And they had brought guys with radios. And indeed, we hadn't been there for more than a quarter of an hour, that the helicopters were already there. And they had spotted guys dressed in black, they were already there. Thankfully the South Vietnamese had warned them. So in the film at one point there's a strike mission in a village, so it's something... So I wanted to show that, because it was part of the sort of operations whose system we now find in Iraq, I mean that Phoenix operation system, that is where at the time the Vietnamese arrived, which is what the Iraqis are doing, and they took the village chiefs down, etc. In order to destroy the infrastructure, and to reach the point where no one wanted to get involved anymore. So I wanted to show that, and also show this aspect, where guys with guns intervene at night, dig holes, make barriers, and then during the day come in with a huge war machine.

So when we did... This dates back a little more, when we had filmed The Devil's Pass, we knew, we had met completely by chance, because we had gone to smoke at the smoking den; I'll get back to smoking opium later; we met a colonel, who was the assistant of the Vietnamese's army chief of staff. At one point I ask him, 'I would like to know who is the boss, for the region where we were filming Hoa Binh?' So he tells me, 'It's General so-and-so'. I say, 'Oh really! Well, all right, I know him. I met him and all that'. In the end I tell my assistant, 'Do what you can to get an appointment with that guy because I would like him to lend us Vietnamese tanks for the operation we have to do over there'. And so after seven or eight days, I am told, 'You have a meeting with the General at such a place'. So I see him, I don't remember what he was called, but let's say he was called Gong, and I tell him, 'Hello General, do you remember, we met at such place?' 'Of course, I remember it very well, Mr. Coutard, have a seat'. So all of a sudden he was very convivial, etc. And so I explain what I want to do, he tells me, 'Well, that's very good, but the place where we are is under Australian command. I'll ask them. When did you want to film that?' So I tell him between this and that day. He tells me, 'All right, I'll ask about it and I'll get you notified by my camp assistant of when it'll be. So I was happy to see you again'. 'Me too, General. Goodbye, General'. I get out of there.

And when I got back I saw my colonel friend and told him, 'It's quite strange, I went to meet him but I didn't recognise him'. He told me, 'But it's normal that you didn't recognise him, because he's not the one you know'. He had recognised me though. So in the end, we agreed on a filming date, and I had asked for a tank with three infantry cars on board. And in the morning, we get there, we were staying at the Cap Saint Jacques, and it was taking place right next to it, not far from the cape. So we leave our hotel, we get near the set, and all of a sudden we see planes flying at low altitude over where we were supposed to film, and we see a sort of dust coming up from the ground. Damn! What's going on? Right on the day when the tank is supposed to arrive, there's an absolute mess. And when we get there, there were four centurions, and loads of other things. So why is everyone here? So there was a colonel dispatched to speak to us, and he says, 'Well, when we told the Australians that you needed a tank, they said: What's that all about, you never do an operation with only one tank!' So they sent four tanks and infantry. The Vietnamese who didn't want to be left behind also sent loads of things. And I ended up with an army on the ground. So all of a sudden we had to...

[Q] That's where you shouldn't have a story-board because you would be in trouble...

Well, yes. You have to think: I have to include all of them, but I have to manage to film the essential part of the scene and at the same time move on, because everything was piled up in the street. So thankfully we had two cameras, and I told one of the cameramen, 'Here, you're going to do this and that continuity shot, with the others we'll to get on with other things'. And we managed to do a certain amount of shots, not exactly what we had hoped for but we did all the necessary ones.

French cinematographer, Raoul Coutard (1924-2016) was twice nominated for the César Award for best cinematography which he won in 1978 for 'Le Crabe-tambour'. He made over 75 films and documentaries, including 'À Bout de Souffle', Le Mépris' and 'Band à Part'. He was the most acclaimed French cinematographer of his generation and one of the key figures of the New Wave.

Listeners: Bernard Cohn

Bernard Cohn est un réalisateur et écrivain français, ayant réalisé cinq film ainsi que de nombreux reportages et séries télévisées. En tant qu'assistant réalisateur, il a travaillé avec plusieurs grands cinéastes, notamment Luis Buñuel, François Truffaut, Otto Preminger et Woody Allen. Il fut membre fondateur du ciné-club Ciné-Qua-Non et a participé à la rédaction et traduction en anglais, de plusieurs ouvrages sur le cinéma.

Benard Cohn is a French filmmaker and writer, who has directed five films as well as numerous documentaries and television series. As an assistant director, he worked with many important filmmakers, including Luis Buñuel, François Jacob, Otto Preminger and Woody Allen. He was a founding member of the Ciné-Qua-Non cinema club and has acted as editor and translator for various publications on the world of cinema.

Tags: The Devil's Pass, Hoa Binh

Duration: 5 minutes, 56 seconds

Date story recorded: October 2004

Date story went live: 24 January 2008